Promenade dans la librairie

La vie dans leur petit village près de Londres s’était avérée plus qu’ennuyante. En effet, les longues heures passées en compagnie des amies de sa mère, les discussions animées de son père entre deux coins de cheminée et la musique assourdissante de son frère ayant décidé de devenir avec ses compagnons les nouveaux Bizars Sisters, non vraiment…Cela dépassait l’entendement ! Serena s’était exilée maintes fois dans sa chambre, oubliant ainsi le cirque qui régnait parfois chez elle. Evidemment, elle avait comblé le début de ses vacances par quelques sorties anodines en compagnie de ses rares véritables confidentes à Serpentard mais rien de bien grandiose. De ce fait, oubliant les banalités qui meublent la vie des étudiants de Poudlard, il fallait s’armer de courage pour braver le Chemin de Traverse en des temps où tous les jeunes sorciers se ruent sur les fournitures. Il était prévu qu’elle s’y rende avec sa mère sauf que miss Keller, trop ingénieuse pour que sa dragonne de génitrice s’empare de sa journée avait rejoint son père lors de son départ pour le Ministère. Ainsi, elle se retrouvait à arpenter les rues du Chemin de Traverse pour seule compagnie qu’un sac en bandoulière contenant quelques pièces bien précieuses et des babioles sans importance ; une plume ou deux, de l’encre, son carnet de croquis et une cape au cas où le temps se gâterait.

Ses cheveux, relevés en une queue haute s’accoutumaient à la légère brise qui malmenait certains sorciers peu vêtus pour l’occasion. Si elle s’était hâtée de remplir son sac de ses fameuses fournitures pour pouvoir se consacrer à plus important à son sens, il lui manquait quelques reliques qu’elle trouverait dans des boutiques plus en amont du Chemin. Sa route tracée, elle s’était un instant arrêtée pour s’offrir diverses sucreries et racheter des plumes qu’elle usait rapidement croisant par la même occasion quelques unes de ses connaissances. Si certaines lui avaient proposé de faire des emplettes avec, elle avait dignement décliné l’information, préférant sa solitude à ses prétentieux camarades cancanant sur tous les ragots ayant égayé leur été. Parfois, elle se plaisait à entrer dans ce jeu mais médire sur autrui, ce n’est guère son passe temps préféré, elle restait plus franche vis-à-vis de ses pairs et n’attendait pas qu’ils soient dos tournés pour baver sur leur frêle cas. Enfin, bientôt, elle arriva devant Fleury & Botts la fameuse librairie.

Poussant l’authentique porte qui grinça sur son passage, elle se retrouva nez à nez avec une enseigne noire de monde. Si elle savait à quoi s’attendre en venant, et que plusieurs posèrent des regards douteux sur son cas, en effet, une Serpentarde, ça n’attire guère la sympathie de beaucoup, elle ne fie pas cas des quelques étudiants qu’elle bouscula car elle se dirigea tout bêtement dans un rayon qu’elle affectionnait particulièrement, celui des contes et légendes où des illustrations digne des plus grands de ce nom trônaient dans les pages de ces ouvrages si précieux au sens de la belle. Prenant quatre d’entre eux à bout de bras après mûre réflexion, elle s’enfuit ensuite vers les rayons plus banals contenant les manuels prescrits pour ses cours. De son habitude, elle marchait vite et faisait peu attention à ceux qui l’entouraient, trop absorbée par ses pensées pour s’occuper de ses pairs. Hélas, elle apposa accidentellement son pied droit sur celui d’un sorcier qui, lorsqu’elle releva la tête, lui rappela vaguement des souvenirs.

« Jackson ? Jared ? Jabber ? C’est un nom comme ça toi non ? »

Sa désinvolture légendaire la précédait encore cette fois-là. Cependant, elle n’avait guère envie de représailles, elle avait mieux à faire. Ainsi, elle se souvenait parfaitement à quelle maison appartenait ce jeune homme et voyait déjà la montagne qu’il pourrait faire pour si peu. Beaucoup apprécient ce conflit inter maison, elle préférait passer outre et vaquer à des occupations moins existentielles.

« Quoi qu’il en soit, on oublie ça okay ? Je n’ai pas fait exprès de te marcher sur le pied. Mais tant que je t’ai sous la main, vous qui êtes toujours bien renseignés... »

Fouillant dans son sac, elle en sortit la liste que leur avait confié leur professeur d’Histoire de la Magie.

« J’ai oublié de noter les références de deux livres qu’il fallait en Histoire, tu les aurais, je t’ai aperçu, on suit les mêmes cours ? »

En fait, elle se ferait certainement tuer si elle retournait chez elle en ayant omis de ramener toutes ses fournitures, elle n’avait guère envie d’entendre le quotidien sermon de son père sur les affres d’une scolarité nébuleuse.

Plus j'errais dans les rayons et plus la boutique ne cessait de se remplir .C'est fou , le nombre de personne pouvant rentrer sans qu'on suffoque par le manque d'oxygène . La circulation dans les rayons en devenait hasardeuse par le manque d'espace flagrant mais je n'avais nullement le choix . Je devais rapidement acheter mes livres pour en finir avec cette corvée , je pourrais comme cela aller voir le magasin de Quidditch où je pourrais y voir les nouveautés mais aussi y acquérir du matériel pour mon balai . En apercevant rapidement la file d'attente qui s'était créée dans le magasin afin de pouvoir régler ses achats , je préférais me rendre dans le rayon métamorphose où j'avais fait un saut en entrant . Celui-ci était moins encombré par le monde car les livres scolaires étaient dans l'allée principale et non dans les rayons eux-mêmes afin de faciliter les familles nombreuses venant préparer la rentrée à Poudlard . Je feuilletais les livres les uns après les autres à la recherche d'information importante pouvant me servir mais à la fin après une petite heure de recherche , je préférais retourner dans les rayons centraux afin de voir pour m'échapper de ce four . En avançant tranquillement , je dus esquiver une pile de livre qui aurait pu m'assommer sans aucun problème . Un petit sorcier rabougris portant une tunique grise ne put s'en soustraire mais il ne subit aucun dommage important . Après l'avoir aidé à se relever , je reprenais mon chemin lorsque je sentis une légère douleur au niveau de mon pied droit . Il venait de faire la rencontre d'un talon qui l'avait écrabouillé sans aucune retenue . Quel maladroit ne surveillait pas où il allait en écrasant les gens sur son passage . Après le pied je vis la jambe puis la personne en entier . Quelle journée formidable . Malgré le fait qu'elle apparaisse mignonne avec sa longue chevelure dorée embrassant un doux visage aux yeux charmeurs . C'était une Serpentard . Ô joie Ô désespoir . Je l'avais croisé plus d'une fois à Poudlard . Ce n'est pas une de mes cibles car malgré sa maison , elle est plutôt respectueuse envers les autres donc je ne vois pas de raison de lui faire des mauvais tours . J'ai bien un frère chez Serpentard , je peux donc être compréhensif . Lorsqu'elle remarqua sa bévue , elle s'empressa de retirer son pied , libérant ainsi le mien encore endolori . Je remarquais rapidement qu'elle ne savait que vaguement mon prénom .

«  Je pense que tu as oublié d'essayer Jack , Jauffrey ou encore Jayson . Mais bon au final c'est James . James E. Lucas. Pour le pied , ce n'est pas grave d'ici une dizaine de minute , je ne ressentirais plus rien . Ça sera ma punition pour tout les Serpentards qui ont finis à l'infirmerie par ma faute ou grâce à moi je ne sais pas encore .  »

Se tournant vers son sac , elle le fouilla énergiquement à la recherche de je ne sais quoi . Peut être un miroir pour se recoiffer . Enfin elle sortit un bout de parchemin en me demandant de l'aider . Même si c'est une Serpentard , ma galanterie m'empêche de laisser une demoiselle en détresse .

« Je veux bien t'aider même si je suis pas sous ta main mais plutôt sous ton pied . Pour les livres , normalement étant en 6ème année et toi en 7ème année . Je ne suis pas censé savoir les références mais par un coup du sort , j'ai des amis en 7ème année avec qui j'en avais parlé . »

Je lui dictais ainsi les différents manuels qu'il fallait en histoire . En parlant , je devrais peut être aller les chercher car je les avais encore oubliés .

La proximité, un maître mot que la donzelle se faisait un plaisir d’esquiver. Les petits sorciers s’entassait dans la librairie comme si celle-ci était parfumée aux Chocogrenouilles. Il n’y avait aucune trace de ce succulent met dans l’enseigne alors Serena ne comprenait guère d’où provenait l’engouement de ces personnes pour des bouquins poussiéreux. Certes, il faut bien s’atteler à acheter les fournitures scolaires mais de là à ce que Poudlard se réunisse tout entier aujourd’hui, il y avait prescription. Un farfadet aurait cru à ces bêtises, peut-être même un moldu mais point elle. En levant la tête et suivant la direction des intéressés, elle remarqua une pancarte qui affichait la dédicace d’un livre sorti tout récemment, encore l’un de ces ouvrages qui finissent au fond d’un placard mais dont l’auteur manie la publicité beaucoup mieux que la plume. Quoi qu’il en soit, ses préoccupations n’étaient guère à obtenir une signature mais au délit qu’elle venait d’accomplir. Innocente demoiselle qui venait d’écraser les fragiles orteils d’un Gryffondor posté là, comme s’il attendait sa venue pour ensuite en découdre. Pourtant, il ne chercha point querelle mais lui répondit même sarcastiquement et…aimablement. Cela la surprit de prime abord mais ne la toucha point, le sentimentalisme, ce n’est pas son rayon. Il lui assura que la douleur s’estomperait et qu’il n’en garderait aucune séquelle. Il est vrai que les bottines de la jeune femme peuvent mettre à rude épreuve plus d’un peton ! Par la suite, il déclina son identité et lui offrit même une plaisanterie sur ses compères qu’il avait envoyé à l’infirmerie. Keller ne riait pas, s’il ne virait pas au jaune moutarde, elle n’appréciait guère ce genre de plaisanterie sur ceux de sa fratrie chose qu’elle s’empressa de signaler sur un ton plus condescendant qu’atterré par pareil méfait.

« Ce serait plutôt par ta faute James E. Lucas car malgré ce que vous pensez tous, nous ne sommes pas que des brutes sans cervelles qui passent leur temps à infliger supplices et moqueries aux fiers Gryffondors. Hélas, il existe certains prétentieux qui aiment faire la gueguerre alors si cela les amuse, tant qu’ils ne m’importunent pas ! »

Quiconque se trouvait en face d’elle, l’étudiante aux couleurs vertes était aussitôt à l’aise. A vrai dire, elle ne portait guère attention à ceux qui l’entouraient, elle menait juste son existence et s’accommodait de ce qui pouvait rythmer sa journée. Elle aurait pu s’adresser à James comme à n’importe qui, tant qu’il puisse la renseigner. Pourtant, il se montra bien aimable pour quelqu’un qui ne supporte ses pairs, elle lui devait au moins cela. De plus, il lui fallait absolument ces références et donc ces livres sans quoi, elle pouvait dire aurevoir à sa tête le soir venu. Serena était tombée sur un érudit qui conversait des différents livres à étudier chaque année. Cela ne pouvait être qu’un signe divin pour lui annoncer qu’elle se trouvait sur le bon chemin. Un tapis rouge semblait avoir éclairé une journée qui aurait pu frôler la catastrophe.

Ainsi, de la pointe de sa plume qu’elle tenait d’une main et de l’encre qu’elle avait dans l’autre main, elle nota au fur et à mesure les références qu’il citait sur le morceau de parchemin qui représentait sa liste de fournitures et qui trônait contre une pile de livres qui lui servait d’appui. Ils étaient nombreux cette année, cependant, cela ne la dérangeait guère. Esquissant un sourire, elle redressa l’échine qu’elle avait courbé pour tenter d’écrire dans une position confortable et s’avança vers James.

« Je te remercie, Justicier des Gryffondors, tu m’as été d’un grand secours. Et tes amis de Septième Année, je présume qu’ils ne sont pas de ma maison ? » Ajouta-t-elle sur un ton léger.

« Au passage, je suis Serena, mais ça tu le savais déjà je présume. Je ne peux être qu’appréciée par tes pairs. »

De l’ironie, rien de plus, rien de moins. Elle ne le cherchait guère, elle énonçait une simple vérité qui sonnait réelle de sa voix claire. Désormais, elle se retrouvait à nouveau les mains libres et prête à affronter la marée humaine qui sévissait dans la boutique pour se procurer ses fameux ouvrages.

J'aurais peut être du modérer mes paroles , je n'en sais rien en fait . La modération n'a jamais été mon fort . Il est parfois préférable de dire clairement le fond de ses pensées plutôt que de se cacher derrière des pirouettes afin de s'en sortir sans blesser quelqu'un ou encore sans prendre de risque . Je ne suis pas couard et je l'assume même si parfois je devrais être plus délicat surtout au près d'une demoiselles mais il est intéressant d'aborder d'une face pour pouvoir rebondir sur l'autre alors que son interlocuteur ou interlocutrice ne s'y attend pas . Même si c'est le jeu de la manipulation d'une certaine manière . Je n'allais pas exposer la véritable raison de l'envoi des serpentards au niveau de l'infirmerie en présence de nombreuses personnes pouvant intervenir dans notre discussion créant ainsi un conflit important .

Mon pied , je l'avais complétement oublié même si l'origine de cette rencontre . Est ce un coup du sort , je ne pense pas car je n'ai rien fait de mal pour mériter d'avoir le pied écrasé . La douleur physique , on remarque lorsqu'on est petit que ça « fait mal » et que c'est désagréable . C'est le mot . Désagréable . Mais on grandit et on évolue et on découvre rapidement une nouvelle douleur qui détruit complètement la première amenant ainsi la question qu'est ce que souffrir ? La douleur physique n'est rien après avoir connu la douleur mental . C'est à partir de ce moment où je me suis détaché de mon corps pour réfléchir et raisonner .

Il faudrait que j'arrête de philosopher tout le temps et partout sinon je risque de paraître bizarre et surtout de partir dans les nuages sans m'en rendre compte . Ce qui est par contre amusant est la relation Gryffondor ou Serpentard . C'est toujours la faute des autres . Jamais un Serpentard irait faire du mal à un autre . C'est impossible . Si jamais cela arrive c'est un pur accident et non un désir de vouloir faire du mal aux sorciers d'origines moldues ou encore de sang-mêlé .

« Ma faute ? Vraiment . Je ne savais pas , il est connu que les Gryffondors vont chercher les Serpentards directement dans les cachots où ils dorment . Je ne les cherche jamais les Serpentards , ce sont eux qui viennent à moi où qui attaquent d'autres élèves . Tu veux savoir quoi , bizarrement ils s'en prennent aux sorciers d'origines moldues et ils se font plaisir à ce que j'ai déjà vu . Qu'ils ne viennent pas se plaindre s'ils se retrouvent dans un lit de l'infirmerie à cause d'un sortilège qui s'est malheureusement dirigé vers eux . Il faut parfois faire sa justice même si cela peut être mal vu . Si un Serpentard ne fait rien de mal , il n'a rien à craindre par contre s'il s'avise d'attaquer des autres sans raison , je lui tomberais dessus s'il le faut . »

Je n'aime pas les injustices et je n'en commets presque jamais mais il ne faut pas abuser . Ses serpentards qui croient que le sang pur , les isolent des autres . Je ne peux pas les supporter.

« J'ai quelques rares amis à Serpentard et même un frère c'est peu dire . Il n'y a pas que de mauvais sorciers à Serpentard . Severus Rogue y était bien et il s'est sacrifié pour la communauté des sorciers alors que Peter Pettigrow qui était à Gryffondor a rejoins Lord Voldemort . Il ne faut pas se tromper de jugement sur ce je te laisse car j'ai d'autres achats à faire ainsi qu'un tour à la boutique de Quidditch .  »

Après ses paroles , je prenais la direction de la caisse avant de m'évader de cet enfer de chaleur .