Le 3 Août 2019

Dear Diary,
La journée d'aujourd'hui fut entièrement consacrée à ma prochaine, et avant-dernière rentrée à Poudlard, dans un peu moins d'un mois maintenant. Durant la matinée, je suis resté dans ma chambre, profitant de l'aube naissante éclairant peu à peu les allées tortueuses du Chemin de Traverse, encore silencieux. Quelques commerçants ouvraient déjà leurs boutiques, comme la librairie Fleury & Bott, qui devait accueillir un auteur pour une séance de dédicaces, dans l'après-midi. Tout devait être parfait, l'auteur étant adulé par les jeunes filles : des reporters de la Gazette du Sorcier seraient sûrement au premier rang pour photographier l'écrivain sous toutes les coutures.
Bien qu'aimant beaucoup les livres, je ne m'intéresse absolument pas à cet auteur, beaucoup trop subjectif à mes yeux. Quelque chose dans ses textes sonne faux, son avis est beaucoup trop présent et son livre n'aboutit à rien. Encore une futilité d'adolescents en mal d'amour. Ça me rend malade. Quoi de mieux qu'un bon livre d'histoire pour se plonger dans des heures oubliées de rêves et de méditation?
Reprenons.
Après avoir contemplé le magnifique paysage s'offrant à moi, je jugeai qu'il était temps pour moi de descendre prendre mon petit déjeuner, avant que le pub ne se remplisse petit à petit de familles venues, comme moi, faire leurs achats avant la rentrée, et que le bruit ne commence à m'étourdir. J'enfilai quelques vêtements, et allai voir le barman, lui commandant la même chose tous les jours. Je mangeai en vitesse puis remontai prendre ma douche avant d'étudier en détails ma liste de courses, finalement pas très différente des années passées. Je choisis un itinéraire m'évitant la foule aux heures d'affluence, puis choisis de partir après le déjeuner, la plupart des commerçants ne proposant le meilleur stock que l'après-midi.
Je restai enfermé dans ma chambre encore quelques heures, puis, sautant le déjeuner, partis.

Faire tous les achats me prit tout le reste de mon temps, surtout à Fleury & Bott où les gens s'entassaient des heures avant la séance pour être sûrs d'avoir une place convenable dans l'immense file d'attente ; aussi les caisses n'étaient pas faciles d'accès, les gens pensant que je voulais leur passer devant.
Je suis maintenant assis au bar, sirotant une boisson fraîche avant de retourner dans ma chambre, lire un livre historique sur l'évolution de la Magie noire acheté lors de la journée.

Nathaniel ferma son épais journal d'un claquement lourd, un petit sourire satisfait ornant les commissures de ses lèvres. Pour lui, écrire dans ce qui s'avérait être son seul ami était indispensable, pour évacuer le stress de la journée et pour avoir le plaisir futile de partager ses aventures, certes un peu monotones. Entre éviter la foule à tout prix, flâner devant les librairies et se cloîtrer dans sa chambre, Nathaniel avait tout d'un ermite.
Cependant, ce soir, il avait fait preuve d'un effort exceptionnel, et s'était, comme détaillé dans le journal, assis devant le bar, dans un coin de la pièce.
Passant un doigt sur la table poussiéreuse, il frissonna en pensant à l'insalubrité de cet endroit, puis détourna très vite son attention, réprimant un haut-le-coeur imminent.
*Mon pauvre Nathaniel, regarde le petit enfant, là-bas... Il hurle. Et son idiote de mère ne fait rien pour le consoler. Pourquoi il crie? Pourquoi un enfant ne comprend pas les règles du savoir-vivre ? Les valeurs de la société ? Regarde le père. Arrogant jusqu'au bout des ongles. Ce doivent être des Sang-purs. Ce pauvre gamin ne comprendra donc jamais les valeurs des individus, si j'ose dire, normaux. Populaires. Je me demande ce qu'ils font au Chaudron Baveur. Ne pense plus à cette poussière. J'espère qu'il n'y a personne de Poudlard. En tout cas personne qui me reconnaîtrait. De toute façon, qui me connaît ? Là-bas, comme partout ailleurs, je ne cherche qu'à m'effacer. Quel homme étrange. Ne pourrait-il pas retirer sa cape de voyage ? Personne ne voit son visage, pas même le barman. Est-ce un monstre ? Un humain ? Un ex-Mangemort ? *
Nathaniel focalisa alors son attention sur l'homme encapuchonné, qui semblait par ailleurs attirer tous les regards. Même l'enfant en pleurs ne criait plus. Le bar s'était tu, comme si les sorciers étaient tiraillés par un pressentiment atroce. Tous en même temps. Telle une vague emportant les dernières traces de félicité sur la plage. Nathaniel finit rapidement son verre, s'empressant pour remonter dans sa chambre, pour la première fois interrompu par quelqu'un. Quelqu'un qui semblait l'avoir reconnu.

Tous les sens aux aguets, le jeune homme se figea.

[Je m'incruste, si cela ne te dérange pas]

La vie vous jouait souvent des tours. Voilà pourquoi Lya lui en jouait aussi. Pourquoi se priver après tout?
La première fut qu'elle fut envoyée à Gryffondor. Sa mère était une véritable Serdaigle comme un de ses frère.quand à son père et autre frère de vrai Serpentard. La première lettre de Lya pour ses parents était sa fierté de mettre un peu de couleur dans cette monotonie verte et bleue, et aussi de se départager des ses frères identiques. Puis les valeureux Gryffondor étaient connus pour leur bravoure et leur sens du courage saupoudré d'une certaine témérité. Tout comme elle. Puis il fallait l'avouer les autres maisons ne la correspondait pas. Et en créer une cinquième ne semblait pas à l'ordre du jour. Tant pis.

En ce jour d'aout, la jeune rouge et or devait s'occuper des courses de rentrée. Oui déjà, il valait mieux être prévoyant et c'était le maitre mot de sa mère. Les courses, cette chose qui à l'ordinaire est barbante, rasoire et à la limite de la corvée pour tout personne qui se respecte, mais quand on est sorcier et une jeune fille de 14ans, cela relève du parcours du combattant pour les parents et d'un vaste terrain de jeu pour la jeune Lya. Et puis, c'était aussi l'occasion d'aller voir un de ses ainés devenu apprenti chez l'herboriste du coin. L'un de ses frère rêvait de devenir maitre en potion et il avait trouvé ce petit emploi qui lui permettait de reconnaitre et apprendre l'utilisation de chaque herbes, plantes et autres œils de crapauds. Ça valait le détour.

Alors que ses parents prenaient des nouvelles de ce frère parti trop vite du cocon familial, Lya profita pour flâner un peu dans le bar, lieu de repli avant la vaste rue commerçante et les achats. Elle aimait plus que tout ce brassage des genres, des couleurs, que pouvait-il bien être ce petit sorcier joufflu, avait-il du sang de gobelin? Et cette femme que cache-t-elle vraiment sous son chapeau? Son regard furtant un peu partout s'arrêta sur un visage connu. La quatrième année s'approcha à pas de loup de la table de ce visage et du reste. Lya n'avait quasiment pas prêter attention à l'homme qui caché sous son capuchon avait faire taire un instant le bar. Elle se glissa derrière son "camarade" de Poudlard, qui se leva au même instant.

Avec un aplomb peu commun et un naturel déconcertant.

-" Si tu veux faire plus discret, ce n'est pas en te levant et en partant que la discrétion est de mise."

(Avec plaisir )

Sa phrase claqua dans le bar redevenu plus bruyant que jamais, chacun donnant ses impressions sur l'étrange visiteur, quelque peu inattendu. Nathaniel frissonna : il détestait plus que tout être confronté à quelqu'un qui ne semblait pas vouloir le respecter un tant soit peu. Les relations sociales n'étant pas son fort, il préférait de loin le repli, l'immersion dans son cocon, sa carapace : la lecture. Au moins, personne, absolument personne ne le dérangeait lorsqu'il était fiévreusement plongé dans ses livres en quête d'informations utiles dont ils regorgeaient d'ordinaire. Nathaniel aurait tant aimé apprendre à vivre avec les autres ; malheureusement c'était une des rares matières que l'on ne pouvait apprendre qu'en nouant les relations les plus fortes possible avec des élèves qui ont les mêmes centres d'intérêt. Or, des relations, le jeune Serdaigle n'en avait pas une seule. Seul son journal intime arrivait à le délester des surplus de sentiments qui pouvaient parfois l'affecter. Pourquoi se confier à des humains ? Pour voir ses secrets divulgués ? Pour encore subir les moqueries ? Nathaniel estimait ne pas avoir besoin de s'encombrer d'un confident.

« Pourquoi voudrais-je être discret ? L'ambiance et l'atmosphère de cet endroit me mettent simplement mal à l'aise. Je n'ai pas besoin de discrétion, d'ordinaire personne ne me remarque.» lui répondit-il d'une voix douce.

Pourquoi cette fille venait-elle lui parler, subitement, l'agressant presque ? Le pauvre jeune homme n'avait pourtant demandé qu'à rentrer dans sa chambre, comme il le faisait tous les soirs depuis bientôt une semaine.
Elle l'intimidait énormément, cependant Nathaniel essayait malgré tout de rester naturel, même s'il était extrêmement mal à l'aise.
A force de lire et relire des livres, et surtout par manque de relations sociales, Nathaniel avait très vite mémorisé la construction des phrases plutôt bien tournées que l'on trouve dans n'importe quel ouvrage, ne se rendant pas compte du ridicule qu'il pouvait parfois avoir. Cela troublait aussi énormément de gens : un jour, quelqu'un a même cru que le jeune homme venait d'une autre époque. Cela avait profondément blessé le pauvre garçon, qui était encore jeune à ce moment-là, et il s'était refermé sur lui-même encore plus définitivement qu'avant.

Les jambes de Nathaniel s'étaient mises à trembler légèrement, sous la pression que lui imposait cette fille. Ses yeux restaient résolument fixés sur le sol devant ses pieds ; il n'avait même pas encore regardé son visage, qu'il craignait autant que la glace fuyait le feu. Il s'étonnait d'avoir parlé avec tant d'assurance, car désormais il ne se sentait plus capable de parler sans que sa voix ne tremble -elle aussi.

Lya resta planter devant lui en essayant de comprendre sa façon de raisonner. S'il y en avait une. Là, la jeune fille sentait seulement son envie de fuir et loin de cette salle, surement de l'homme à capuche et indéniablement d'elle. Lya remarqua son énervement et ses tiques de tremblement. Sa présence était à ce point gênante pour lui. Étrange. Elle qui avait l'habitude de paillonner de serdaigle en pouffsouffle et de première en septième année n'avait jamais ressenti cette attitude bien désagréable au final.


Deux choix s'offraient à elle. Un raisonnable. Le laisser partir comme il avait envie. Le second, beaucoup plus drôle, de rester et de continuer à tenter de comprendre son refus de rester. Ou juste de s'amuser un peu.

-" Je ne sais pas, c'est toi qui cherche à te justifier, pas moi. Je soulignais juste le fait de ta non discrétion. Puis c'est en cherchant à moins se faire remarquer qu'on l'est plus. La preuve, moi je t'avais remarqué. T''es souvent seul à lire."

Lya haussa les épaules et regarda le bar.

"- Puis ici personne en te regarde. Tout le monde s'affaire ailleurs. Pourquoi un serdaigle intéresserait des sorciers aux allures étranges et variées? Sauf si tu es recherché?"

Cette idée semblait d'un coup beaucoup plaire à la gryffondor. Rien de tel qu'un peu d'animation pour donner du piquant à une journée qui l'est juste ce qu'il faut. Elle sauta sur la table pour s'y assoir et faire face au jeune homme. Elle savait bien que rien que par cette action, elle provoquerait quelques détours d'yeux vers elle. Rien qu'à l'idée que ça dérange le jeune homme, elle jubilait. Non pas par méchanceté, ce n'était pas le genre de la maison. Mais par provocation, pour le pousser dans ses retranchements et qu'il explique le pourquoi du comment.

La jeune femme, après une petite hésitation, lança à Nathaniel une vérité indéniable avant de lui annoncer qu'elle l'avait déjà vu lire : plus il voudrait s'effacer, plus les gens le remarqueraient.
Or, elle ne caressait même pas du bout des doigts le fond d'histoire qui se cachait derrière l'attitude étrange du jeune homme. Elle présumait simplement qu'il ne souhaitait pas que les gens le regardent, or ce n'était pas vraiment cela. Un lien beaucoup complexe orné de ronces et de courbes sinueuses se dessinait en spires entre Nathaniel et les humains normaux.
Sans laisser à Nathaniel le temps d'entrevoir une réponse, de se donner le courage de parler de nouveau à l'inconnue, elle s'assit sur la table. En face de Nathaniel. Il sentait maintenant son regard le brûler partout, elle le dévisageait. La sensation était atroce. Ses yeux, fuyants, rencontrèrent les siens par inadvertance. Il essaya de soutenir son regard dur sans ciller, mais en vain, et se détourna très vite, les joues s'empourprant légèrement.
« Ne...ne dis pas n'importe quoi. Pourquoi serai-je recherché? » parvint-il à articuler péniblement, les joues rougissant à vue d'oeil. Soudain, il écarquilla les yeux, pris d'une idée subite.
« Tu ne penses quand même pas que je suis un criminel? », s'enquit-il auprès de la sorcière.

Nathaniel restait debout, figé : sa présence, son attention le préoccupaient tellement qu'il ne parvenait plus à réfléchir.
Des questions dénuées de sens lui traversaient l'esprit, ne trouvant ici aucune réponse. *Dois-je m'asseoir ? Rester debout? M'enfuir en courant? Lui dire d'aller voir ailleurs?* se demandait-il, en plein désarroi. Il ne voulait pas blesser la jeune femme, qui visiblement s'amusait bien à torturer le pauvre Nathaniel, car c'était une des rares qui aie daigné lui adresser la parole durant toute sa scolarité ; mais il ne souhaitait pas non plus continuer cette conversation idiote et n'avait en aucun cas envie de s'exposer de nouveau aux moqueries et vieux ragots en se confiant à cette fille.

Rassemblant tout son courage, les jambes toujours frémissantes, il parla à la jeune fille d'une voix très timide :
« De toute façon, tu te trompes. Savoir ou non que les gens me regardent ne me fait en aucun cas frémir. Je ne pense pas avoir quelque chose à te dire, personnellement. Si tu le veux bien, je vais ... Je vais prendre le reste de mes affaires et regagner ma chambre. »

Nathaniel se doutait bien de l'idiotie de ses paroles. Bien sûr que non, elle ne le lâcherait plus avant d'avoir eu ce qu'elle voulait. Il était coincé ici, avec tous ces gens autour de lui. Tout ce bruit. Ces mouvements infinis. Il serra son journal contre lui. Il sentit ses yeux s'humidifier ; s'il ne se reprenait pas, des larmes allaient couler sur ses joues creuses. Une énième fois.

(Bon c'est pas énorme, désolée, je suis crevée et à cette heure-ci je peux difficilement faire mieux...)

Lya balançait ses jambes sous la table, tout en posant ses mains de chaque côté de la table de bois massif.
La jeune fille continua à le détailler de son regard noir et perçant. Il fallait dire que plus il parlait plus elle était intriguée et ce n'était pas forcément une bonne chose pour lui. Surtout si c'était la paix et le calme qu'il recherchait. Car Lya était bien loin de tout ce qu'on pouvait nommer calme et tranquillité.

Elle l'écouta se dépatouiller comme il pouvait. Et ne prit parole qu'une fois qu'il eut finit. Elle l'embêtait déjà, elle n'allait pas en plus être mal polie et lui couper la parole.
Elle jeta un regard furtif à la table parentale avant de reprendre.

"- Non, je ne pense pas que tu es un criminel, ou bien de ceux qui n'ont pas rendus un livre à temps. Mais tu agis tout comme."

Elle sauta sur ses pieds en un bond aérien. Lya se plante devant lui. La gryffondor pencha la tête et d'un regard malicieux conclut.

"-Mais si je me trompe, tu as piètrement échoué à ton explication et ta démonstration. Et la prochaine fois dès le début envoie moi bouler. Ne tente pas d'expliquer, ça renforce mon idée première."

Elle pointa son index sur son torse. Un rien malicieux.

"-Et des choses à me dire, je pense que tu en as plus que tu penses. Même au delà de cette histoire de maison et d'âge, tout comme j'ai beaucoup à te dire. Mais je ne vais pas te retenir plus longtemps. puis mon frère te regarde...et si c'est pour qu'il s'imagine des choses et me tante là dessus, non merci."

Lya lui fit un signe de main en même temps qu'elle s'en allait.

"-A bientôt Serdaigle mystérieux."

Et Lya s'en alla à la table parentale, sous le regard amusé de son frère qui la gratifia d'une question loin d'être véridique. Mais que voulez-vous? Les grands frères ne sont pas toujours très fins.
Mais Lya restait intriguer par cette attitude à l'opposé de la sienne. Elle qui s'en moquait des autres et allait vers eux librement sans détours se sentirait bien triste sans cela.


(Je pense qu'on a finit. Au plaisir de te retrouver au château )